Les chenilles processionnaires du pin
Chaque année c’est la même chose, dès le début de l’hiver, aux extrémités des couronnes de la plupart des pins les chenilles processionnaires urticantes tissent leurs nids.
Attention ! Ces insectes sont dangereux pour l’arbre mais surtout pour les humains et les animaux domestiques !
Description
Les chenilles processionnaires du pin se nourrissent des aiguilles, entraînant une défoliation de l’arbre et en cas d’infestation massive, l’arbre s’affaiblit. Elles occasionnent ces dégâts durant l’hiver, en dévorant les aiguilles. Cet important affaiblissement, s’il se répète sur plusieurs années, peut avoir des conséquences graves. Les pins seront alors plus vulnérables aux attaques de différents organismes pathogènes. Pour se défendre, les arbres ont besoin d’énergie, énergie produite par le feuillage lors de la photosynthèse. De plus, pour émettre de nouvelles aiguilles, les pins fortement attaqués devront puiser dans leurs réserves. Ces attaques constituent également une forte diminution de l’aspect ornemental des pins qui paraissent parfois bien tristes.

Nid de chenilles dans un pin sylvestre.
Les espèces attaquées sont les pins :
- sylvestre
- d’Alep
- maritime
- noir d’Autriche
- blanc
- laricio
Ces dernière années les chenilles ont également migré sur des cèdres et des pins de l’Himalaya. Vous avez vu des chenilles processionnaires sur d’autres arbres ? Faites-moi part de vos observations et prenez contact !
Selon le climat, le papillon qui est la forme adulte de notre chenille, éclot durant l’été entre juin et septembre. Le papillon mâle, qui ne vit généralement qu’une seule nuit, peut voler jusqu’à 25 km pour se reproduire. A contrario, la femelle ne vole que 3 à 5 km de distance. Néanmoins, cela augmente fortement sa propagation.
Comment reconnaître les chenilles processionnaires du pin ?
Les processionnaires du pin sont brunes avec des taches orangées sur le dos. Leur pouvoir urticant provient de leurs poils en forme de harpons, creux et très fragiles, qui libèrent une protéine urticante et allergisante, la THAUMETOPOEÏNE (d’où leur nom latin Thaumetopoea processionea) responsable de nombreux troubles.
Les chenilles sont urticantes, dangereuses pour les hommes et les animaux. Malheur arrivera aux curieux qui s’en approchent car, même si elles ne sont pas aussi urticantes que leurs cousines vivant dans les chênes, leurs quelques 600’000 poils pour un seul individu peuvent provoquer des réactions allergiques et des problèmes respiratoires. Les poils urticants se dispersent aisément dans l’air, par la sueur, le grattage et le frottement des vêtements.
Les mues et anciens nids sec sont également dangereux car ils contiennent encore des poils et ce même plusieurs années après que les chenilles les aient déserté.
Quels sont les symptômes chez l’Homme
Contact avec les yeux : développement après 1 à 4 heures d’une conjonctivite (yeux rouges, douloureux et larmoyants). Si les poils migrent vers les structures oculaires, les lésions peuvent être graves !
Contact avec la peau : apparition dans les 8 heures d’une éruption cutanée douloureuse avec de sévères démangeaisons. La réaction se fait sur les parties découvertes de la peau mais aussi sur d’autres parties du corps où la peau est plus fine, intérieur des bras, ventre, cou, entre les doigts…
Contact par inhalation
Les poils urticants irritent les voies respiratoires. Cette irritation se manifeste par des éternuements, des maux de gorge, inflammation de la gorge et des difficultés respiratoires, symptômes similaires à de l’asthme.
En cas de contact par ingestion
Il se produit une inflammation des muqueuses de la bouche et des intestins qui s’accompagne de symptômes tels que de l’hyper salivation, des vomissements et des douleurs abdominales, selon les zones atteintes.
Comme beaucoup de réactions allergiques, les réactions varient selon les personnes et leur sensibilité. Néanmoins, une personne qui a des contacts répétés avec la chenille processionnaire, présente des symptômes qui s’aggravent à chaque nouveau contact.
En cas de contact, que faire : consulter un médecin impérativement !
Le danger est également présent pour nos chers canidés qui, au contact de ces poils, notamment avec la truffe ou le museau, risquent alors la nécrose de la langue.
Une action rapide du vétérinaire est vitale !
Le cycle biologique annuel de la chenille processionnaire du pin en 8 étapes
1 Dès la mi-juin, les papillons de la processionnaire sortent de terre. Mâles et femelles s’accouplent, puis les mâles meurent un ou deux jours plus tard.
2 La femelle s’envole et dépose entre 70 et 300 œufs sur les aiguilles d’un pin à proximité formant un petit tube gris argenté recouvert d’écailles, long de 2 à 5 centimètres sur les rameaux ou les aiguilles de pin. Puis elle meurt à son tour.
3 Les chenilles éclosent environ un mois plus tard. Elles se nourrissent des aiguilles du pin. A ce stade elles ne sont pas urticantes.
4 Au cours de leur croissance, les chenilles changent de couleur et se couvrent de plus en plus de poils. Les jeunes chenilles tissent des pré-nids où elles passent la journée, elles en sortent et mangent la nuit.
5 Dès le quatrième stade larvaire, les chenilles construisent le nid d’hiver définitif lors des premières températures négatives de l’automne, à l’extrémité de la branche, très souvent orienté sud à sud-ouest afin de profiter un maximum de la chaleur des rayons du soleil. Elles passent l’hiver dans cet abri, et ne sortent que la nuit, période à laquelle leurs prédateurs dorment, pour entretenir leur nid et se nourrir.
6 Au printemps, la colonie conduite par une femelle quitte l’abri et se dirige vers le sol. C’est la procession de nymphose : toutes les chenilles se tiennent les unes aux autres et se déplacent en longue file (procession, d’où leur nom). Une file peut compter quelques centaines de chenilles. Au bout de plusieurs jours, elles s’arrêtent dans un endroit bien ensoleillé et s’enfouissent dans le sol.
7 Deux semaines plus tard, toujours enfouies sous le niveau du sol, les chenilles tissent des cocons, individuels cette fois, et se transforment en chrysalides. Elles restent dans cet état pendant plusieurs mois en attendant les chaleurs adéquates (ou parfois plusieurs années selon les régions).
8 Au bout de quelques mois, chaque chrysalide se métamorphose en papillon, toujours sous la terre. Et puis, un soir d’été, les papillons sortent de terre…et le cycle reprend.
Les moyens de lutte contre les chenilles
Pas facile de lutter contre ce parasite. Toutes les personnes ayant eu affaire avec ces lépidoptères vous le diront : « mieux vaut garder ses distances ! ».
La lutte contre ce fléau peut prendre différentes formes et différents moyens à disposition seront utilisés selon la saison et le cycle biologique. Avant toutes choses, et les propriétaires de pins pourront vous le confirmer, il n’existe pas de moyen de se débarrasser complètement et définitivement des chenilles. Les actions décrites plus bas sont à entreprendre presque chaque année. Pour rappel, les papillons se déplacent de plusieurs kilomètres et les chenilles peuvent rester sous terre plusieurs années avant de se transformer en papillon.
Lutte biologique
Favoriser la venue des prédateurs et parasites.
Actuellement, il y a malheureusement trop peu de prédateurs. Les oiseaux en général ne les mangent pas à cause de leurs poils urticants et de leur probable mauvais goût. Seul le coucou gris et la mésange s’attaquent aux chenilles. Les chauves-souris mangent les papillons.
Ajouter donc un nichoir à mésange ou un nid à chauves-souris et laisser la nature se débrouiller.
Les pièges à phéromones
L’installation de pièges à phéromones dans la couronne des pins permet de capturer les papillons mâles de la processionnaire. Ces pièges sont à poser dès la mi-juin.
Les pièges à ceinture
Un système de ceinture qui se fixe autour des troncs principaux et récoltent dans un sac les chenilles redescendant de l’arbre avant leur nymphose.
Malheureusement et à notre grand regret, ces pièges ne sont que trop peu efficaces.
Les traitements
Phytosanitaire biologique
Comme les buis pour la pyrale, les pins peuvent être traités au Bacillus thuringiensis. Pour rappel, ce traitement est sélectif dans le sens où il agit par ingestion. Respectueux de l’homme et des animaux, ce traitement préserve la faune utile, néanmoins, tout être vivant qui se nourri des aiguilles mourra. Ce traitement est à employer en période hivernale. Mais attention, il doit être prodigué 2x/ans à 2-3 semaines d’intervalle, par temps sec et sans vent.
Phytosanitaire chimique
Insecticide qui agit par contact, non sélectif, et donc non recommandé.
La lutte mécanique
Un des meilleurs moyens reste la lutte mécanique qui consiste à détruire les nids. Un professionnel équipé peut monter dans l’arbre afin de couper l’extrémité du rameau où est formé le nid afin de le détruire, lui et tous ses occupants.
Destruction des chenilles obligatoire !
Cette mesure est en vigueur dans le canton de Vaud, selon l’arrêté du 07.12.2005. « Tout propriétaire, locataire, etc., est tenu de procéder à l’enlèvement et à la destruction de nids/chenilles processionnaires du pin et ce jusqu’au 30 janvier ».
En tant que spécialistes soins aux arbres, chaque année, nous nous attelons à la suppression de plusieurs centaines de nids répartis dans toute la Suisse romande. Les hivers tempérés que nous avons leur permettent de particulièrement bien se développer.
Faites contrôler votre arbre par un arboriste et faites supprimer ce fléau urticant et ses prédateurs d’aiguilles.
Sources :
- www.woodtli-leuba.ch
- www.vd.ch
- www.ville-geneve.ch
- www.chenilles-processionnaires.fr
- www.wallforpets.ch
Une question, une remarque? Alors n’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires.